Busquets milieu offensif, le guardiolisme zombifié ?
Ce soir, à Vincente Calderon, se clôturera le dernier acte du guardiolisme. Le coach catalan tirera sa révérence sur une Finale de Coupe du Roi, contre le Bilbao de Marcelo Bielsa. Au-delà de la dramaturgie proposée par ces deux acteurs dont connaît les influences mutuelles, c’est un peu du guardiolisme qui ce soir mourra sur scène, après avoir été trouvé ses limites dans les excès jusque-boutistes de son géniteur.
Le football sans attaquant, oui, mais surtout l’attaque de l’homme du milieu : voilà qui définit parfaitement l’amour que porte Guardiola à ses héritiers, dont la polyvalence est un atout particulièrement précieux dans le football moderne. Et dans l’effectif de Barcelone, c’est probablement Sergio Busquets qui aura le mieux synthétisé cette hybridation des postes, véritable joueur à-tout-faire de l’entre-jeu, et surtout soupape de sécurité lorsqu’il est parachuté dans la défense à trois concocté par Pep. C’est d’ailleurs avec ce « Busquets role » qu’il aura réussi à être enfin reconnu à sa juste valeur, lui qui restait dans l’ombre de ses partenaires Xavi et Iniesta (à lire : « Why Busquets is an unsung hero ? » parties une, deux et trois)
Dieu qu’il est moche, cet échalas.
On peut pourtant voir le problème dans le sens inverse, et supposer que ces décrochages vers la défense auront contribué à la chûte du Barça cette saison. Comme l’écrivait Zonal Marking suite à la victoire du Real lors du dernier Classico, qui avait scellé les ambitions catalanes :
there was also the secondary problem that Busquets was forced to leave Mesut Ozil when he was dropping into the back – this gave the German time on the ball to thread passes through to the attackers.
De surcroît, la descente de Busquets réduit de facto sa capacité à participer à l’animation du jeu offensif et des contres… Un talent gâché, en somme. Dans cette optique, pourquoi ne pas inverser le problème et ainsi réhabiliter Busquets au coeur du jeu ? C’est l’étonnante proposition de Santapelota, qui verrait bien Sergio en milieu avancé ou plus exactement « false enganche« , s’inspirant du rôle de Bakero dans le 3-3-1-3 cruyiffien :
But here’s an intriguing prospect: what if Busquets were to play even further forward? Specifically, could he play in the three-quarters zone, what was once the province of that increasingly obsolete figure, the enganche?
Only that Busquets wouldn’t be playing as a traditional attacking midfielder per se. He wouldn’t (and shouldn’t) be expected to fashion defense-splitting assists or dribble past opponents, nor much less score goals in abundance. Rather he would enable other midfielders to do that by performing as a pivot at the head of the midfield. With his back to goal, Busquets’ gangly frame and strength make him ideal for shielding the ball from the niggling of defender, and his rapid-fire and precise short-passing game would allow him to set up on-rushing midfielders.
Sur le terme « enganche », qui désigne (en gros) un meneur de jeu reculé, lire ces quelques explications sémantiques proposées par Culture of Soccer :
Enganche, it turns out, is essentially a number ten, a playmaker. The reason that I had so much trouble understanding enganche was because it was a position that didn’t fit into my frame of reference, which only had space for defenders, midfielders, and forwards.
Un tel reclassement de Busquets ne permettrait pas seulement de redynamiser le jeu catalan, dont on a vu les impasses contre Chelsea en Ligue des Champions. Ce serait aussi et surtout une manière de pérenniser jusque dans la caricature l’héritage de Guardiola, qui se diluera inévitablement le départ de son père (et ce malgré la fidélité évidente de Tito Vilanova à ses préceptes).
Un repositionnement pour la postérité, plus excessif que tous les excès du totalitarisme catalan, en forme d’hommage post-mortem au véritable leg de Guardiola au football moderne. Le guardiolisme est mort, vive le guardiolisme zombifié ?
Hihi
Cet article me laisse un goût d’inachevé ! Sinon, c’est toujours aussi bon de te lire !
Je confirme, j’avais beaucoup, beaucoup de choses à dire sur Busquets… Mais le manque de temps, et surtout l’envie de ne pas trop répéter tout ce qui a déjà été (très bien) écrit sur Busquets et le football catalan, m’ont amené à raccourcir le texte… On y reviendra si besoin la saison prochaine (allez Tito, fais le pour moi !)
C est vrai même si je ne trouve pas une réelle répétition sur tes articles !
Par contre, une traduction des quotes auraient sympa même si celles ci ne sont pas évidentes !
Un petit paragraphe sur l esprit truqueur de Busquets aurait été bien qui je pense est obligatoire au vue de sa fonction au sein de l équipe, poste est trop réducteur pour ce joueur ! Je gais le Barca mais je ne peux qu admirer le tactique et ce fanatisme pour les milieux ! Bonne continuation !